Groupe de recherche sur les Églises “de la diversité”

PRÉSENTATION

Au fil du XXe siècle, les diverses familles ecclésiales (anglicans, protestants, orthodoxes, catholiques, évangéliques…) sont progressivement entrées en contact et beaucoup aujourd’hui entretiennent des relations interconfessionnelles, de natures diverses: dialogues théologiques bilatéraux ou multilatéraux, prières communes, collaborations socio-caritatives ou missionnaires… Tout en se réjouissant des belles réussites du mouvement œcuménique, on ne peut se satisfaire du statu quo. Les relations interecclésiales peuvent encore être élargies.

Parmi les Églises avec lesquelles il est souhaitable de développer des contacts, on peut particulièrement signaler certaines Églises dites “de la diversité”, nées dans un contexte de globalisation croissante et de flux migratoires accrus. Ces Églises, qui croissent en nombre et en taille, sont encore mal connues et échappent aux classifications dénominationnelles habituelles. Avec elles peuvent aussi apparaître des divergences théologiques nouvelles.
Aujourd’hui de nombreuses instances œcuméniques (centres de recherche, dialogues officiels, communautés…) œuvrent aux rapprochements entre les grandes Églises dites “historiques”. L’enjeu est d’associer aussi les Églises “de la diversité”, encore peu fédérées.

OBJECTIFS

Le Groupe de recherche Istina se donne donc les objectifs suivants :

  • mieux connaître ces Églises “de la diversité” et rencontrer leurs responsables et leurs membres ;
  • comprendre les spécificités de ces Églises, leurs questions, leurs besoins, leurs éventuelles réticences à l’égard des autres Églises ;
  • rédiger un document présentant ces Églises, y compris du point de vue théologique, en ouvrant des pistes de collaboration avec elles ;
  • faire connaître à un auditoire plus large les enjeux de cet élargissement œcuménique et la chance qu’il représente.

NATURE

  • Le travail du groupe a un caractère exploratoire et prospectif (on ne cherche pas à reproduire les comités de dialogue existants).
  • Il a une optique théologique, sans ignorer les facteurs sociaux (traités par les sciences sociales : EPHE, CNRS, GRSL, programme “Dieu change à Paris”…) ni les démarches institutionnelles (Projet Mosaïc en France, “Témoigner ensemble” à Genève…).
  • Il est sans mandat officiel des Églises, n’a d’autre rattachement universitaire que celui de ses membres, il est porté par le centre d’études œcuméniques Istina.

COMPOSITION

Le Groupe est composé de théologiens d’une large palette d’Églises « historiques » (orthodoxe, catholique, luthéro-réformée, baptiste, adventiste) qui vont à la rencontre des pasteurs et fidèles d’Églises de création plus récente, dans les lieux de culte ou lors d’entretiens au centre Istina. A un stade plus avancé de la recherche pourra être créé un comité mixte de dialogue entre représentants des Églises « de la diversité » et des Églises « historiques ».

Sont actuellement membres du Groupe :

Valérie Aubourg : catholique, docteure habilitée en anthropologie, vice-rectrice en charge de la recherche à l’université catholique de Lyon et chercheure du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités de l’École pratique des hautes études. Auteure de Christianismes charismatiques à l’île de La Réunion (Karthala, 2014).

Valérie Duval-Poujol : baptiste, exégète. Vice-présidente de la Fédération protestante de France, membre du comité mixte baptiste-catholique en France, présidente de l’association Istina. Docteure en théologie (Institut catholique de Paris) et en histoire des religions et anthropologie religieuse (Paris IV).

Georges El Hage : orthodoxe libanais (Patriarcat d’Antioche), docteur en histoire. Chargé de cours à l’université Paris VII et responsable des études à l’Institut supérieur d’études œcuméniques de Paris. Président de Syndesmos, fédération mondiale des mouvements de jeunesse orthodoxe.

Franck Lemaître : catholique, dominicain, directeur du centre d’études œcuméniques Istina, membre du Groupe des Dombes, consulteur du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Docteur en théologie catholique (Fribourg) et en théologie protestante (Strasbourg).

Gabriel Monet : pasteur adventiste, professeur de théologie pratique et doyen de la faculté adventiste de théologie de Collonges-sous-Salève. Auteur de L’Église émergente. Être et faire Église en postchrétienté. Docteur en théologie protestante (Strasbourg).

David Vincent : doctorant en histoire à l’université Paris Sciences et Lettres / École pratique des hautes études, ses recherches portent sur l’influence du dispensationalisme sur le protestantisme européen.

Ulrich Rüsen Weinhold : ordonné dans l’Église évangélique de Rhénanie, a été pasteur d’une paroisse multiculturelle en Île-de-France, en charge du Secrétariat national des relations internationales de l’Église protestante unie de France, en docteur en théologie (Wupertal).

APERÇUS DE LA RECHERCHE

* Les membres du groupe de recherche publient des échos de leurs visites sur un blog dédié : www.divercites-ecclesiales.info

* Entre janvier et septembre 2021, David Vincent a travaillé à la rédaction de présentations d’Églises de la diversité et de portraits de pasteur.e.s.

Entre recherche et transmission : portrait d’un jeune chercheur à Istina

« Je m’appelle David et je suis en visite dans votre Église » : c’est ainsi que se présente David Vincent, lorsqu’il se rend pour la première fois dans une Église « de la diversité ». En effet, son travail consiste d’abord à assister au culte, comme un simple fidèle. La grande diversité des communautés visitées l’interpelle : « Un dimanche, je me trouve au milieu d’une Église de 1000 personnes, et la semaine suivante d’une assemblée de 20 fidèles ». Au fil de ses explorations, il a découvert des cultes très chantants et dansants, qui se distinguent de la liturgie d’autres Églises « historiques », plus calme. Régulièrement, David rend compte aux membres du Groupe de recherche de ses découvertes, et précise avec eux les choix d’Églises à visiter.

Sa seconde mission consiste à prendre contact avec un.e responsable d’une des Églises visitées, en vue d’un entretien, là où se tient le culte, ou parfois au centre Istina, pour l’interroger sur son parcours spirituel, ses motivations à fonder ou animer une assemblée chrétienne, pour mieux comprendre les spécificités de son Église… Les portraits rédigés constitueront un complément plus narratif au document analytique que prépare le Groupe de recherche d’Istina.

Visiter d’autres Églises

Avant de travailler avec le Groupe de recherche, David connaissait déjà Istina pour avoir fréquenté la bibliothèque voisine du Saulchoir. L’annonce du poste à pourvoir lui était parvenue par un ami des Groupes bibliques universitaires, et par l’infolettre du GSRL, le Groupe Société, religion et laïcité de l’École pratique des hautes études où David est inscrit en doctorat. « La première chose qui m’a intéressé dans ce travail, précise David, c’est le principe d’aller visiter des Églises. Depuis mon enfance je fréquente les milieux évangéliques, j’ai connu quatre ou cinq Églises différentes, mais cela faisait longtemps que je voulais visiter d’autres Églises ».

L’histoire de l’Église, une passion

Aujourd’hui âgé de 28 ans, David a d’abord fait des études d’histoire à l’Université de Nanterre. Ayant découvert la collection « Sources chrétiennes », qui édite et traduit les textes des Pères de l’Église, il se passionne alors pour l’histoire de l’Église et choisit de se diriger vers la recherche dans ce domaine. Il achève actuellement une thèse en histoire et sciences sociales des religions et travaille, sous la codirection de Patrick Cabanel et Sébastien Fath, sur le dispensationalisme et son influence au sein du protestantisme en Europe francophone. Né au XIXe siècle en Angleterre, ce courant théologique périodise l’histoire du monde en différentes « dispensations », chacune marquée par un type de relation entre Dieu et l’humanité. La dispensation actuelle – « le temps de l’Église » – précède le retour du Christ pour un règne de paix de mille ans. Comme d’autres mouvements millénaristes, le dispensationalisme est marqué par la vision très pessimiste d’un monde décadent, ayant perdu ses valeurs religieuses.

Pendant ses études doctorales, David a séjourné treize mois à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, contribuant au programme de recherche « La Bible en ses traditions ». Il a aussi rédigé un livre intitulé Les scribes d’Israël, publié en 2020 par l’association Science et foi, sur l’histoire de la recherche biblique concernant l’Ancien Testament.

Soucieux de rendre accessible la recherche universitaire en théologie, histoire et sciences des religions à un large public, David a créé une chaîne YouTube, pour laquelle il a publié près de 600 vidéos, générant de fréquents dialogues avec ses 7000 abonnés.

Propos recueillis par Barbara Caron, publiés dans l’infolettre d’Istina